Les premiers JO antiques ont commencé à Olympie en Grèce aux environs de 776 avant notre ère pour célébrer le culte de Zeus et l’esprit sportif. Pierre de Coubertin les a parrainés et ressuscités à Athènes en 1896 pour les rendre internationaux. Après le fiasco des JO à Paris en 1900, ils ont été réorganisés en 1924 à Paris. Pierre de Coubertin aristocrate sexiste, raciste et colonialiste signe l’étendard olympique composé de 5 anneaux représentant les 5 continents sur fond blanc. Le choix des couleurs noire, jaune, bleue, rouge et verte a été sujet à critique. La flamme et son trajet remonte aux JO de 1936 à Berlin sous Hitler.
Les JO sont-ils financièrement soutenables ?
Les JO coûtent cher, à chaque fois plus cher que prévu et n’ont jamais été rentables pour les collectivités publiques. Paris était la seule candidate crédible avec Los Angeles (2028) pour les organiser. Heureusement ils coûteront nettement moins chers que les éditions passées : 11,8 milliards d’euros (augmentation de 30% depuis le dossier de candidature en 2017) mais auront des retombées incertaines. La sécurité représente une part importante qui risque encore d’augmenter.
Ils sont aussi moins chers grâce aux 45 000 bénévoles qui, devant être disponible pendant dix jours au minimum, pour une durée pouvant aller jusqu’à 48 heures par semaine, soit la durée légale maximale de travail, ressemblent fort à des salariés. Leurs frais d’hébergement éventuels et les déplacements jusqu’à l’Île-de-France ne seront pas pris en charge. Aucun ne bénéficiera de réduction ou de place gratuite pour assister aux compétitions.
Les JO 2024 sont-ils populaires ?
La promesse initiale de faire de Paris 2024 des Jeux olympiques et paralympiques populaires n’est pas au rendez-vous, les transports et logements seront inabordables. Les tickets de transport, augmentés à 4€ euros, hors de prix pour accéder aux stades, le prix des places vendues très cher. Le plus choquant peut-être : le placement dans les stades des catégories tarifaires les plus abordables et leur faible présence pour les épreuves les plus attendues.
Les JO 2024 sont-ils écologiquement responsables ?
Les organisateurs prévoient un bilan carbone de 1,58 million de tonnes d’équivalent CO2 soit moins que les jeux de Tokyo … en pleine pandémie de Covid et sans spectateurs.
L’utilisation de nombreux équipements existants, en région parisienne est à saluer. Le village olympique à Saint Denis, l’Arena de 8000 places porte de la Chapelle et deux piscines en banlieue seront les seuls vrais nouveaux grands équipements, mais …
Bétonisation (milliers de tonnes) à Paris pour le skatepark éphémère, dégradation des coraux à Tahiti dès le début des chantiers des épreuves de surf, agrandissement de l’aéroport de Beauvais, destruction des jardins ouvriers à Aubervilliers, goudronnement du sol du Champs de Mars pour le projet olympique Grand Palais Éphémère. Le Village des médias occupe dix hectares du Parc Georges Valbon à La Courneuve. À Taverny, construction d’une immense piscine d’entrainement sur trois hectares de bois, en fermant les deux piscines de proximité. Les jardiniers des Jardins Ouvriers des Vertus d’Aubervilliers se sont vus prendre la terre qu’ils cultivaient pour la piscine d’entrainement des JO. Etc.
Des chercheurs craignent une canicule pire que celle de 2003. Comment les athlètes vont-ils supporter la chaleur de Paris, ville la plus mortelle d’Europe en cas de canicule ?
Les JO 2024 sont-ils éthiques ?
Les JO de 2025 seront les premiers JO à parité parfaite avec 10 500 athlètes et autant de femmes que d’hommes mais …Les appartements du village olympique qui seront vendus à plusieurs milliers d’euros le m2, participeront à la gentrification inhérente à chaque JO. Les loyers augmentent (+ 15% à Saint Denis déjà en 2022) partout où il y a des chantiers.
Les autorités sont accusées depuis plusieurs mois par des associations de mener un « nettoyage social » de la région parisienne, pour faire place nette en vidant les rues franciliennes de ses populations les plus précaires et indésirables : migrants en campements, foyers de travailleurs, sans-abri, travailleuses du sexe, personnes vivant en bidonville… La réquisition des 3000 logements étudiants, pour loger les pompiers, les soignants et les forces de l’ordre et de la sécurité civile, fait polémique.
Pour construire le Village des Athlètes entre Saint Ouen et Saint Denis, 224 résidents d’un foyer de travailleurs immigrés (ADEF) ont été expulsés et une partie seulement sont relogés sur deux sites sans espaces communs.
Les Jeux olympiques de 2024 consacreront un budget minimum de 419 millions d’euro aux caméras, drones et policiers pour surveiller Paris. 900 nouvelles caméras déployées dans la capitale et ses environs. Des défenseurs des libertés s’inquiètent de l’ampleur du dispositif sécuritaire, ils craignent que ces mesures d’exception s’installent durablement dans le paysage, particulièrement en ces temps de montée de l’extrême droite.
Les JO développent ils la fraternité entre les peuples ?
Les JO, la promotion du sport mais quel sport ? Le sport de très haut niveau est nationaliste, individualiste et concurrentiel, il apprend à cultiver l’effort de la souffrance où le dopage, les moyens mis au service des sportifs et la technologie comptent pour beaucoup. Le sport de haut niveau reste très inégalitaire et le dopage n’est pas une dérive mais sa logique même. L’olympisme est aujourd’hui l’héritière d’un siècle de suprématie occidentale. L’Europe avec à peine 10% de la population mondiale, compte près de 50% des inscrits.
Les organismes chargés de l’organisation des JO en France en France seront exonérés pour toutes les opérations commerciales liées à la compétition du paiement de tout impôt, mis à part la TVA.
1924-2024-2030
La démesure des JO me frappe, depuis 1924, le nombre d’athlètes est passé de 3089 à 10500, de 1000 à 6500 journalistes, de 625000 à 10 millions spectateurs, de 126 épreuves à 329 et de 9 sites à 35. La France, très endettée, fait la chasse aux dépenses publiques avec des coupes sombres dans la culture, l’éducation, la santé … « Trop cher, trop chaud, pourquoi faire des JO d’hiver quand il n’y a plus d’hiver ? « Quelques centaines de personnes se sont rassemblées dans les Alpes samedi 6 janvier pour dénoncer les coûts écologiques, économiques et sociaux du projet de JO d’hiver 2030.
Agnès Gillot